30 Juin 2007
Je reconnus péniblement Greese en raison de la souffrance inhabituelle qui l’accompagnait. En m’approchant, je parvins à distinguer son visage rongé par la douleur...
Vous avez pleuré ? arrivai-je à murmurer.
Il se leva doucement et s’approcha de moi. Son regard me glaça le sang. Il s’était tellement avancé que je pouvais désormais sentir l’odeur d’alcool dans son haleine. La peur qu’il soit un psychopathe envahit de nouveau mon esprit. J’aurais aimé m’enfuir le plus loin possible, mais quelque chose en moi m’en empêcha.
Qu’est-ce vous voulez ? demandai-je entre deux tremblements.
Il se rapprocha un peu plus, si bien que je dus fermer les yeux pour ne pas voir son regard de braises de trop près. Ce qui suivit fut très étrange... Je sentis son visage frôler le mien, une larme coula sur ma joue. Venait-elle de moi ou de lui ? J’aurais aimé pouvoir attraper l’arme qu’il portait à sa ceinture, au moins pour l’effrayer et le faire partir, mais mes membres refusaient toujours de bouger.
Greese s’écarta légèrement. Il colla ses lèvres près de mon oreille et murmura, presque imperceptiblement :
C’est terminé, Mademoiselle Peyton.
J’ignorais de quoi il parlait. J’avais du mal à comprendre. J’essayai de le lui dire, mais il ne semblait pas m’écouter. Il pleura un long moment sur mon épaule et...
... !?
Une douleur étrange s’empara de moi. Une chaleur dans le ventre. Puis le froid m’envahit. Le noir... Un vide total... Plus rien...
2 Juillet 2007
Mes paupières s'ouvrirent doucement. Pas de plafond d'un blanc immaculé, ni de lumière éblouissante. Seule une faible lueur bleutée semblait danser sur la droite. Je tournai péniblement la tête dans le but d'observer d'où provenait cette petite lumière. Il faisait nuit. Je parvint à distinguer les lumières de la ville au travers de l'imposante fenêtre. Plus important encore, une silhouette se dessinait près d'elle. Je tentai vainement d'attirer l'attention sur moi, voulant annoncer "Heho ! Je suis réveillée", mais seul un vague "Yeuh" sortit de ma bouche. Aussi peu convaincante que fut ma réplique, elle rencontra un certain succès. L'aveuglante lumière que je me réjouissais de ne pas avoir vue s'alluma soudain et un visage aux traits flous se pencha au dessus de moi. Quelqu'un voulait visiblement me parler. J'ordonnai intérieurement à tous mes sens de faire un petit effort. Peu à peu, l'ouïe revint et je pus distinguer une voix au milieu de laquelle s'ajoutaient d'incessants "bip bip".
Maggie, est-ce que ça va ? demanda une voix masculine que je reconnus aussitôt.
Vous avez essayé de me tuer, articulai-je, péniblement.
Il soupira.
Si j'avais essayé de vous tuer, je ne vous aurais pas ratée, ma chère. A une telle distance !
Alors, qui... ?
Deux ou trois personnes (probablement une horde d'infirmières) s'affairèrent autour de moi.
Je vous prie de bien vouloir sortir, Inspecteur, dit l'une d'entre-elles.
Une autre porta une paille à mes lèvres. J'aspirai avec ardeur le breuvage. De l'eau ! Je sentis le liquide couler à l'intérieur de ma gorge, laissant à son passage une fraîcheur bienfaisante.
Doucement, dit l'infirmière avec gentillesse.
Les autres gigotaient dans tous les sens, m'examinant au moyen de divers tests. Je restai calme, sans bouger, ni piper mot, tel quelqu'un qui venait de recevoir une balle de plein fouet. Je repensai à ce que venait de me dire Greese. Non, ça n'avait pas de sens. Personne d'autre ne se trouvait dans la maison à ce moment-là. Et puis, il avait dit cette phrase... J'étais complètement perdue...
J'aimerais parler à l'inspecteur Greese, s'il vous plaît, demandai-je aux infirmières.
Elles hésitèrent un instant, mais accédèrent à ma requête. John Greese revint alors timidement dans la pièce. Ma vue s'était habituée à la lumière et je parvenais désormais à bien le distinguer. Il avait troqué son complet d'Inspecteur de police contre une paire de jeans plus civile et une chemise à carreaux qui lui donnait l'air d'un bûcheron... les biceps en moins. Son attitude avait beaucoup changé. Pour commencer, il n'était visiblement plus imbibé d'alcool et paraissait, de surcroît, plus calme. Un air d'inquiétude (mêlé toutefois d'une légère culpabilité) avait remplacé la rage qui régnait sur son visage la dernière fois que je l'avais rencontré. Néanmoins, il garda une certaine distance par rapport à moi.
Vous avez essayé de me tuer, répétai-je.
Nouveau soupir.
Qui d'autre ça pourrait être, continuai-je.
Il se mordilla la lèvre inférieure et reporta son attention sur le paysage nocturne d'Atlantic City. Quant à moi, j'avais beau fouiller dans ma mémoire, personne d'autre n'était dans le coin au moment de cet "incident".
J'ai senti votre arme contre moi, ajoutai-je, comme pour appuyer mes affirmations.
Ca n'était pas mon arme, dit-il, toujours absorbé dans sa contemplation de la fenêtre.
Il se dandina quelques instants sur place, visiblement gêné par quelque chose.
Vous avez aussi dit "c'est terminé", qu'est-ce que ça peut vouloir dire d'autre que "je vais vous tuer" ?
Rien, je dis souvent des trucs qui n'ont aucun sens lorsque je bois une goutte de trop, dit-il sans grande conviction.
Après un long silence qui menaçait de s'éterniser, il ajouta enfin :
Ce n'est pas vous qui étiez visée... C'est moi.
Hein ?!
On a arrêté le tireur, il a tout avoué.
Et... ?
Et c'est tout.
Non, il y a quelque chose que vous ne me dites pas.
Il y avait vraiment quelque chose qu'il ne me disait pas. Il préféra changer de sujet. Néanmoins, toujours très subtil, Greese !
C'est vrai, ce que vous avez dit au FBI... au sujet de votre frère ?
Aarg ! Eviter un sujet délicat pour en aborder un autre ! Non, vraiment, Greese ne changerait jamais.
J'aimais mon frère, mais pas à ce point-là ! J'ai dit ça uniquement pour qu'on me foute la paix.
Ah ! (il sembla soulagé) La prochaine fois, évitez, ça pourrait vous attirer des ennuis.
Je sais que je ne devrais pas dire ça, mais... Je vous aime bien, ajoutai-je avec un sourire en coin.
27 Janvier 2011
Aïe ! Tu pourrait faire un peu plus attention, non ? T'es toubib que je sache ! criai-je à l'adresse de mon Oncle Seth, qui recousait une contusion sur le dessus de mon crâne.
Pourtant, il s'appliquait. Il y mettait tellement de bonne volonté que je regrettai immédiatement d'avoir ouvert la bouche. J'aurais plutôt dû crier sur moi-même, moi qui gigotait comme une puce.
Pourquoi n'as-tu pas téléphoné aux urgences pour aller dans un véritable hôpital ? finit-il par demander.
Ton numéro a été le premier qui m'est venu en tête après l'accident.
L'accident... Ou au moins pensai-je qu'il s'agissait d'un accident. Je m'étais réveillée au volant d'une voiture qui m'était totalement inconnue, sans savoir ni où je me trouvais, ni ce qu'il venait de m'arriver. J'ignore pourquoi, mais ma première réaction en sortant du véhicule a été de composer le numéro de téléphone de Seth.
Comment as-tu fait pour renverser ta voiture au beau milieu du désert ? Et, d'abord, qu'est-ce que tu faisais au beau milieu du désert ? continua-t-il.
Je sais pas.
Il avait raison, j'étais supposée travailler comme serveuse dans un bar irlandais à New York. Qu'est-ce que je pouvais bien faire au beau milieu du désert, à seulement quelques kilomètres de Las Vegas. Quelque chose m'échappait... mais quoi ?
C'était terminé. Seth coupa le fil dont il s'était servi pour me recoudre et rangea son matériel dans une petite boite blanche avec délicatesse. Il plongea alors ses yeux bleus dans les miens et me scruta, à la recherche d'une faille quelconque. Une jeune femme blonde entra alors, un plateau chargé de victuailles dans les bras. Gave, la plus jeune soeur de Maman. Elle n’aimait pas qu’on l’appelle par son prénom, Gavriila et ne voulait pas que je lui attribue l’appellation « Tante Gave ». « Ca fait vieille, disait-elle », mais il ne me serait jamais venu à l’idée de la nommer ainsi en raison des huit courtes années qui séparaient ma naissance de la sienne. Elle avait toujours ce regard curieux qu'ont les jeunes enfants ne connaissant pas encore les aléas de la vie.
Affamée, je me précipitai sur les ailes de poulet qu'elle me tendait.
Fait attention de ne pas casser tes points de suture, recommanda Seth.
Laisse-la un peu respirer, elle a eu une dure journée, dit Gave en s'asseyant près de moi sur l'imposant canapé du salon.
Je sais, c'est un miracle qu'elle soit en vie, avoua-t-il.
Ils prirent chacun un morceau de poulet, qu'ils mangèrent en évitant soigneusement de se salir - chose que je ne parvenais pas à faire, car j'essuyais toujours la graisse de mes doigts sur mon jean. Tout comme eux, le salon était impeccable. Personne n'aurait pu croire qu'un célibataire y vivait avec sa soeur dépressive. Mais, ça n'avait rien de vraiment surprenant, Seth étant médecin, la propreté et l'hygiène étaient maîtres de son domicile.
Comment va Maman ? demandai-je après un silence durant lequel nous n'entendions que nos mâchouillements.
Bien. Vera s'en occupe, répondit Oncle Seth. Tu devrais aller la voire, de temps en temps.
Vera était la deuxième soeur de Maman. Je l'aimais bien, même si je ne la voyais pas souvent. J'aimais ma mère, aussi. Si je n'allais pas la voir, c'était par peur. Les sentiments qu'elle exprimait en ma présence m'effrayaient. Il s'agissait souvent d'agressivité, voir pire, d'indifférence. Bien que j'en éprouvais parfois le besoin, je refusais toujours d'aller la voir, même si elle était à ce moment-là, dans une chambre juste au dessus de nos têtes.
Je ferais mieux de me trouver un hôtel pas trop cher pour la nuit, annonçai-je en me levant subitement.
Oncle Seth soupira, mais ne commenta pas ma décision. Il comprenait. Il avait bien vu au cours de ces dernières années que beaucoup de choses avaient changé.
Gave m'accompagna jusqu'à un petit motel à la sortie de Vegas. Tous les motels se ressemblent, ce n'est pas un mythe, il semblent vraiment tous construits sur le même modèle. En chemin, elle me proposa un boulot là où elle-même travaillait. Je retins un petit rire. Qui aurait voulu de moi ?
Qui ne tente rien n'a rien, annonça-t-elle fièrement. Et puis, je n'aime pas te savoir serveuse. Avec tous ces pervers qui traînent !
C'est temporaire.
Tu mérites quand même mieux que ça, t'es pas si stupide que tu en as l'air.
Je vais essayer de le prendre comme un compliment.
Sérieusement Maggie, mon patron cherche quelqu'un, il commence les entretiens demain. C'est assez intéressant, c'est une agence de détectives privés et tu as un diplôme en criminologie après tout !
Elle marquait un point. Ca avait l'air intéressant, mais je n'avais vraisemblablement pas les qualités requises. Même avec mon diplôme, j'avais été refusée partout où je m'étais présentée et j'avais été renvoyée du seul poste que j'avais pu décrocher au bout de deux jours. J'ignorais même qui avait tué mon frère. L'enquête avait été classée "sans suite" et, en plus de cela, quelqu'un avait embarqué son cadavre qui venait d'être retrouvé à Phoenix, Arizona. Trois ans et demi plus tard, tout le monde s'en fichait pas mal. D'un autre côté...
Il propose aussi un appartement, dit-elle en tant qu'ultime argument.
D'accord, soupirai-je. J'irai.
Si elle n'était pas en train de conduire, je jurerais qu'elle aurait sauté dans tous les sens, juste pour montrer au monde entier sa bonne humeur. Gave était comme ça, très expressive. Elle savait que j'avais accepté juste pour lui faire plaisir. Mais même si elle voyait que ça ne m'emballait pas vraiment, elle était tellement persuadée que j'avais pris la bonne décision... C'est ça qui la rendait heureuse. Et lorsque Gave est heureuse, tout le monde autour d'elle l'est aussi.
Tu vas pas t'ennuyer, tu verras, triompha-t-elle.
Elle semblait oublier que je n'avais pas encore été embauchée.
***
Je t'ai imprimé ton CV, annonça Gave le lendemain matin en me donnant quelques pages imprimées et maintenues par un trombone.
Se rendre à un entretien d'embauche sans CV à présenter. Je comprenais mieux dorénavant pourquoi j'avais été refusée les autres fois. Gave me sourit et me suivit du regard pendant que j'allais m'installer près des autres demandeurs d'emplois. Cette pièce ressemblait vaguement à la salle d'attente d'un cabinet médical, où encore à ses fameux groupes d'entraide où l'on racontait son histoire pour faire pleurer le reste du groupe. Les sièges étaient installés en cercle autour d'une table sur laquelle étaient empilés des magazines de sport et de mode vieux de dix ans, pour les plus récents. Pour lutter contre l'ennui, je me surpris à dévisager les autres personnes autour de cette table. Je n'avais aucune chance. Si le patron avait un peu de bon sens, il engagerait l'un des hommes assis en face de moi. Ils avaient tous deux un air très sérieux et un superbe complet qui les rendait très séduisants. Et si le patron préférait les blondes pulpeuses, il y en avait deux à ma gauche.
Une porte s'ouvrit brutalement et un homme d'une vingtaine d'années, vêtu d'un survêtement gris et d'une casquette de base-ball, la visière tournée sur le côté droit.
Yo ! C'est parce que je suis pas une blonde avec des gros nichons que tu m'as pas engagé ! cria-t-til.
Mais non, mais non, le rassura un autre homme, le patron sans aucun doute.
Yo ! Ziva !
Toutes les blondes siliconées peuvent partir tout de suite, adressa le patron à l'assemblée.
Les deux blondes se regardèrent, intriguées. Puis, elles se levèrent et partirent, visiblement déçues. Le patron se tourna alors vers le jeune homme et le regarda d'un air de défi. Ce dernier émit un grognement digne d'un homme préhistorique et sortit en traînant des pieds.
N'étant pas blonde (et encore moins siliconée), je me sentais vaguement coupable vis-à-vis d'elles, mais il fallait voir le bon côté de la chose : j'avais quelques concurrentes de moins.
Les deux hommes passèrent avant moi, l'air confiant et sûr d'eux. A la fin de leur entretien, le patron les gratifia d'un sourire en leur disant :
Je vous rappellerai dans la semaine.
J'avais l'étrange impression de perdre mon temps. J'allais me lever pour partir, lorsque la porte s'ouvrit. C'était à mon tour d'y aller.
Qui ne tente rien, n'a rien, aurait dit Gave.
Une fois la porte refermée derrière moi, l'homme se présenta en mettant bien en évidence son sourire Colgate impeccable :
Charlie Cunningham, le seul, l'unique et le meilleur !
Ca commençait bien !
Vous devez être Maggie Peyton, née le 27 Juin. J'ai beaucoup entendu parler de vous.
Gave.
D'un geste mécanique, je lui tendis le CV qu'elle m'avait imprimé. Il m'invita à m'asseoir à son bureau, face à lui. Il examina le bout de papier, échappant quelques "hum hum" de temps en temps.
Qu'est-ce qui vous a poussé à faire l'école de police ? lâcha-t-il enfin.
Heu...
Très convaincante, comme toujours !
Vous aviez de l'expérience dans le journalisme, vous auriez pu choisir cette voie. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?
Mon père était dans la police, trouvai-je.
Un père en prison pour avoir tenté d'assassiner l'un de ses anciens collègues et vous avoir gravement blessée par la même occasion. Ce n'est pas un argument très valable, vous ne trouvez pas ?
Je ne pus qu'acquiescer d'un hochement de tête. Lui continua dans sa lancée :
Dites-moi. Quelles étaient vos relations avec cet inspecteur qu'il a essayé de tuer ?
C'est compliqué, répondis-je.
La réponse sembla le satisfaire, il passa à autre chose :
Vous avez travaillé à la sécurité d'un casino à Atlantic City ? Deux jours ?
Ils me trouvaient trop efféminée.
Ah !
Il se replongea dans la lecture du CV.
Pourquoi devrais-je vous engager ? Pourquoi devrais-je engager une pin-up de la côte est ?
Je vous demande pardon ?!
C'est le terme employé dans votre Curriculum Vitae : "Pin-up pour la publicité d'un célèbre casino d'AC".
Soit Gave en avait rajouté quelques tartines pour condenser mon papier...
J'ai même le calendrier, ajouta-t-il en fouillant dans l'un des tiroirs de son bureau.
... Soit cet oubli de ma part était dû au traumatisme de l'accident et elle en savait plus que moi-même à mon propre sujet.
Charlie Cunningham sortit le fameux calendrier de son tiroir. Rien de trop choquant. Ce qui me rassura légèrement. En fait, tout ceci rappelait les dessins des années 50, d'où le terme employé : "Pin-up". Néanmoins, je me sentais quelque peu honteuse. Il avait raison. Pourquoi m'engagerait-il ? Je n'avais qu'à retourner faire mes trucs à Atlantic City.
C'est toujours utile d'avoir une jolie fille dans ce milieu, répondit-il à ma place. Comme j'ai déjà viré les blondes...
Gave est déjà une "jolie fille"...
Si j'engageais un homme, ça ne serait plus "Charlie et ses drôle de dames".
Insinuait-il qu'il allait me prendre ?
Quelqu'un fit brusquement irruption dans la pièce.
Il y a un problème avec un des mecs que t'as viré, Charlie ! annonça une voix masculine. Oh ! Désolé. J'ignorais que tu étais encore en entretien.
Je me retournai. Je connaissais ce visage, même après toutes ces années.
Maggie Peyton ! Ca faisait longtemps ! proclama Adam Valente en me serrant fermement la main.
Sur toutes les agences de détectives privés de la région, il avait fallut que Gave travaille avec lui !
Il parait que vous prenez bien les balles, continua-t-il.
Ca nous fait un point commun, rétorquai-je.
Bien, je vais m'occuper de l'idiot, annonça Charlie, tu n'as qu'à montrer l'appartement à la demoiselle, Adam.
Sur ces mots, il se précipita hors du bureau. Adam me conduisit jusqu'à un long couloir où se trouvaient quatre portes, se faisant face les unes aux autres, plus celle que nous venions de franchir, à un bout dudit couloir.
La numéro trois, dit-il.
Il me confia une clef que j'utilisai pour ouvrir la porte sur laquelle un gros "3" doré était inscrit. L'appartement était meublé d'une décoration des plus banales. Il ressemblait beaucoup aux chambres des motels que j'avais visités, avec une petite cuisine en plus. La tapisserie à petites fleurs avait jauni, mais l'appartement était propre et vivable.
Il vaut mieux ne pas déplacer ce meuble, expliqua Adam. L'ancien locataire s'est suicidé et on a pas réussi à enlever les traces de sang sur le mur. Alors on a mis cette armoire.
Charmant.
Le salaire ne sera pas très élevé, continua-t-il. Charlie prend en compte le loyer quand il fait les comptes.
Je m'en étais un petit peu douté, quand même.
J'avais donc été embauchée. Tout ça grâce à l'idiot qui avait fait virer les deux blondes. Il faudrait que je le remercie un jour.
Je commencerais au début du mois de février. J'avais quelques jours pour retourner chercher quelques-unes de mes affaires à New York et m'occuper de toutes les formalités. Restait néanmoins un point obscur à éclaircir... J'avais oublié l'un de mes anciens emplois, j'avais oublié la raison de ma présence dans l'état du Nevada, qu'avais-je pu oublier d'autre ? Quelque chose m'échappait... j'en étais sûre.